Quand Andrée la Papivore interview !
Bonjour Lucie, merci d’avoir accepté cette petite interview.
C’est moi qui suis flattée que vous me consacriez cette interview. J’en profite pour vous annoncer en avant-première, vous qui avez apprécié mon travail, que mon livre Les Pierres Hurlantes vient de remporter le Prix D’Allevard 2016 d’heroic fantasy.
En quelques mots, pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?
Je suis née à Grenoble, y’a un sacré bout de temps, ville que je n’ai jamais quittée. J’aime lire et j’écris depuis mon plus jeune âge. Toutefois, j’entreprends des études scientifiques, car paradoxe des paradoxes, je me complais à la fois dans l’imaginaire et le rationnel.
Durant mes années d’apprentissages, je m’inscris à un concours littéraire « de la ville de Grenoble » dans la catégorie conte. Comme ça, pour voir ! Et je ne glane pas un, mais deux prix. Un général et l’autre pour mon conte « La porte de bronze. »
Néanmoins, j’obtins mon diplôme d’ingénieur. Pendant une vingtaine d’années, je gère des projets informatiques dans les télécoms et l’industrie dans les boîtes de la région. Néanmoins, je continue d’imaginer des contes, des histoires et des nouvelles de science-fiction et de fantasy.
Puis en 2008, la vie (noble dame malicieuse) m’amène à la croisée des chemins. Un licenciement franchement contestable (que j’ai contesté) m’a laissé un goût amer en travers de la gorge et un dégoût provisoire pour ma profession (que j’aimais du reste). L’occasion m’est donnée… je me lance dans la rédaction de la saga des Pierres Hurlantes. Il me faudra sept longues années de durs labeurs et de doutes pour produire un travail présentable dont voici le premier opus : Les voleurs de destins.
Sinon je suis curieuse et gourmande, outre la lecture (tous les genres), j’adore découvrir de nouveau pays, randonner à travers la planète, goûter à toutes sortes de mets exotiques…
D’où vous est venue cette envie d’écrire ?
Enfant, ma petite tête foisonnait d’idées, d’images et de personnages imaginaires. Les contes que me lisaient mes parents ont nourri mon imagination. Dès que j’ai été en âge d’écrire, je les ai couc hés sur papier. Et je n’ai jamais arrêté.
Et ce qui devait arriver est arrivé… tôt ou tard, avec ce premier opus et suite à suivre.
Ecrivant de la fantasy, je suppose que vous êtes plutôt attirée par les littératures de l’imaginaire… Etes-vous une grande lectrice ? Avez-vous des auteurs et/ou romans coups de cœur à nous conseiller ?
Je lis beaucoup et un peu de tout. Mais c’est vrai, je dévore en grande majorité de la littéraire de l’imaginaire.
Mes auteurs préférés (c’est vaste!), voici une petite liste non exhaustive avec le meilleur (à mon sens) :
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Pierre Bordage : (dur de choisir !) Les guerriers du silence (c’est une trilogie), Porteur d’âme, la trilogie des évangiles (Evangile du serpent, Les chemins de Damas, L’ange l’abîme) qui sont tellement d’actualité…
- René Bajavel : La nuit des temps, Le grand secret.
- Alain Demasio : La horde du contrevent.
- Jean-philippe Jaworski : Gagner la guerre et Même pas mort.
- Robin Hobb : L’assassin royal et Les aventuriers de la mer.
- Ayerdhal : Demain une oasis, Transparence.
- Neil Gaiman : Neverwhere.
- Justine Niogret : Chien du heaume.
- Brandon Sanderson : Fils des brumes.
- Gavriel Kay : Les chevaux célestes.
- Amélie Nothomb : tous les premiers.
- Pierre Grimbert : Le secret de Ji.
Quelques coup de coeur inattendu : Christophe Nicolas : Le camp, Stephan Platteau : Les sentiers des astres, Michael Flynn : Eifelheim.
De plus en plus d’auteurs se tournent vers l’autoédition, par choix ou par nécessité. On y trouve du très bon comme du très mauvais, comme chez n’importe quel éditeur en fait. Pourriez-vous nous parler de votre expérience d’auteur autoéditée ?
L’autoédition est un problème complexe en France.
En premier lieu parlons de la condition de l’auteur. Dans l’inconscient collectif on associe un auteur à l’image « romantique » du poète maudit. Un auteur faut que ça en bave… Il doit être désargenté, se nourrir uniquement de son art. Et puis, la littérature est mise sur un pied d’estale. Dans notre société élitiste, on prône l’excellence (ce qui n’est pas un mal en soi sauf s’il en devient dictatorial et exclusif). Ainsi, un vrai auteur est forcément adoubé par une maison d’édition traditionnelle. Et pour lui c’est la voie royale. Il faut juste que les lecteurs veuillent bien apprécier sa prose. 🙂
Aux US c’est tout le contraire, on plébiscite les auteurs autoédités, on loue leur esprit d’entreprise et leur audace !
Sorti de ce schéma, un auteur est d’emblée étiqueté mauvais et amateur. Malheureusement, c’est devenu un lieu commun chez nous.
Je le constate tous les jours. Dès que je précise mon état d’autoédité, je n’ai droit qu’à des regards condescendants et souvent méprisants. Les portes se ferment avant même que je puisse défendre mon œuvre.
Les médias en général nous boudent (ne prennent pas la peine de répondre à nos mails, ni ne vous rappellent après avoir laissé 4 ou 5 messages). Et sans pub, difficile de se faire connaître et donc de vendre son livre. Parce que le nerf de la guerre dans l’édition c’est la diffusion et la distribution.
On reproche aux auteurs de vouloir vivre décemment de son art ! (un comble !) Il faut voir comment Marc Levy et autres consorts qui ont du succès sont traînés dans la boue… qu’ils font du populaire… en un mot de la M…
Mais c’est aussi vrai pour l’accession à certains salons du livre. On est écarté sous prétexte que l’on est autoédité, voir plus insidieusement, parce qu’on ne passe pas par la librairie officielle de l’événement (qui peut vous prendre entre 30 à 40 % de vos ventes). Ce qui revient au même. Être un rebelle au système se paie durement.
Je le savais pertinemment avant de me lancer dans l’autoédition. Mais j’ai pris tout de même le risque. Je n’avais pas envie d’abandonner mes droits. Je voulais être aux commandes de ma carrière et non tributaire d’une maison d’édition dont les intérêts diffèrent des miens.
La condition d’un auteur autoédité est loin d’être un long fleuve tranquille. Il faut faire sa pub (que l’on paie au prix fort). Faire du démarchage (trouver les contacts potentiels, être original etc..). Frapper aux portes, convaincre… Cela prend du temps (qui ne sera pas consacré à l’écriture.) Pour parfois pour de maigres résultats. Le lectorat se constitue petit à petit, dans le temps mais solidement.
Peu importe le nombre, l’essentiel (le vœu le plus cher de tout écrivain) est d’être lu. Heureusement, les lecteurs via leurs retours, leur gentillesse me galvanisent et me donnent envie de continuer. Et voyez-vous le plus drôle, c’est que ses lecteurs me considèrent comme une vraie auteure (que je suis).
Parlons un peu de votre saga fantasy, prévue en six volumes : Les Pierres Hurlantes. Comment avez-vous imaginé cette histoire passionnante ?
C’est vers 2006 que je commence à griffonner des scénettes qui tournent dans ma petite cervelle qui deviendront par la suite Les Pierres Hurlantes.
Cela faisait un moment que tournait dans ma tête l’histoire d’une princesse promise à un brillant avenir qui se révélait, en fait, tout sauf idyllique. D’où provient cette historiette à la base ? aucune idée ! (Je vais envoyer un texto à la muse des écrivains pour lui en toucher deux mots… ). A partir de ce fragment d’intrigue (du personnage d’Aliandra) j’ai bâti le reste du récit, briques après briques, à mesure que je répondais aux interrogations que suscitait cette situation inédite.
Pourriez-vous nous parler des influences, littéraires ou autres, qui ont permis la naissance de votre saga?
J’aime tous les genres littéraires. Je lis de tout. Du classique en passant par la bd, manga, beaucoup de sf, de fantasy mais peu de polar.
Mais c’est la rencontre avec deux livres qui vont changer ma façon d’écrire et mon envie (frustrée) de devenir écrivain(e) s’est décuplée. La nuit des temps de René Barjavel et Les guerriers du silence de Pierre Bordage. Mes deux maîtres littéraires !
Quant à l’univers d’Hexavia, il est issu, sans aucun doute, de mes lectures (contes, sf, fantasy, philo, historique etc…). Une synthèse inconsciente de mon grand bazar livresque, en quelque sorte.
Les voleurs de destins se pose comme une introduction à la saga. On y découvre le monde d’Hexavia, où règne la magie, et un panel de personnages variés aux destins plus ou moins liés. Verra-t-on ces personnages évoluer jusqu’au dernier volume de la saga, ou l’intrigue se déportera-t-elle dans d’autres mondes ?
Les personnages pour la plupart resteront en vie jusqu’au dernier tome (je n’ai pas le syndrome « Trône de fer« ). Quant à l’intrigue elle se déportera effectivement ailleurs… je n’en dirais pas plus.
Le mode d’Hexavia, présenté dans ce premier volume, a été pensé de manière extrêmement précise, rien n’a été laissé au hasard : géographie, histoire, us et coutumes, religion, mais également faune et flore… Le glossaire est vraiment impressionnant, vous avez été jusqu’à mettre en place de nouvelles unités de mesure de temps et de distance. Pourquoi un tel souci du détail ?
Il faut que le monde fasse « vrai », cohérent. C’est un monde original qui ne ressemble à aucun autre, pas même au nôtre (en quelque sorte). Forcement la flore, les unités de temps et autres doivent être différents, à l’image de Hexavia qui est un univers magique.
Ce background (plus il est détaillé et solide) m’aide à faire évoluer mes personnages et l’intrigue. Je n’ai parfois même plus à réfléchir. Il guide mes choix.
Comme dans tout bon roman de fantasy qui se respecte, on y trouve des affrontements (magiques et/ou physiques), des complots, des périodes d’initiation et des rencontres qui changent la vie… Sans trop dévoiler l’intrigue, on peut dire que la Connaissance tient également une grande place dans l’intrigue : les érudits sont nombreux et les recherches en archives sont essentielles pour la résolution de l’énigme des Pierres Hurlantes. L’esprit a-t-il une chance de triompher de la force brute ?
Je dirais que l’esprit et la force dans une même proportion seront nécessaires pour résoudre le secret des Pierres Hurlantes et les autres… Parce que ces Pierres ne sont qu’une partie de l’énigme pour comprendre ce qui se joue réellement pour Hexavia.
Pour terminer, pourriez-vous nous parler de vos projets actuels ? Le second volume de la saga sera-t-il bientôt publié?