Auteur, gloire et pauvreté 2

Le métier d’auteur ne se suffit pas financièrement à lui-même et en France, personne ne s’en émeut.

– Pour l’élite…

La littérature est une tâche trop digne, trop vénérable pour oser la profaner avec des préoccupations d’ordre financier.

Franchement, on est au 21e siècle. Il serait peut-être temps de replacer la littérature à sa place. Un emploi – artistique certes – quelconque, pareil à docteur ou magasinier.

– Pour les autres…

Demandez donc à mon boulanger qui « tâte » à longueur de journée de la farine – de vraies choses, quoi. Il ne perçoit pas la profession de romancier comme un vrai métier. C’est tout au plus une occupation annexe, un loisir, un enrichissement personnel qui ne justifie pas de rémunération.

C’est quoi d’abord un faux métier ? Absurde !

Non seulement la fonction d’écrivain n’a rien d’une activité factice, mais elle tend un miroir salutaire sur la société. Le verbe témoigne, dénonce, instruit, condamne, soumet, explore. Il nous oblige à réfléchir, à bousculer nos habitudes, nos certitudes. Il nous propose de nouveaux chemins de prospections.

La littérature devrait même être remboursée par la sécu. Elle permet au quidam de se réfugier dans une bulle salvatrice hors de ce monde de brute impitoyable, loin des soucis et des préoccupations du quotidien, de lui éviter de s’adonner à ses bas instincts primaires : bâillonner ses gosses, étrangler son patron ou dépecer le chien du voisin. Oui pendant, que monsieur-tout-le-monde tient un livre, il ne tient pas une arme – quoique les mots s’avèrent parfois plus tranchants que des poignards – je veux dire une bombe ou tout autre arsenal du même acabit.

Alors, auteur c’est la gloire ? Oui, vous serez considéré, vous serez invité sur les plateaux télés, vous aurez votre photo dans les magazines (pour les plus connus). Mais le reste du temps, misère ! Vous ferez des ménages, toucherez le RSA, ferez vos courses chez lidl.

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