Je voudrais abordé un sujet qui me tient particulièrement à coeur, la condition des auteurs en France.
Dans notre beau pays, la littérature est mise sur un piédestal, un patrimoine précieux à l’instar des cathédrales et des églises. Les écrivains tiennent le rôle d’ambassadeurs de la culture française. De ce fait, ils sont adulés, admirés, respectés, « peopléisés », « starisés ».
Toutefois, strass et tapis rouges masquent un envers du décor des plus sordides.
En réalité, un auteur en France, est un individu qui cherche à vivre de sa plume et qui n’y parvient pas ou peu. Je dirais même mieux, c’est quelqu’un qui supporte en silence le triste paradoxe de sa profession : pratiquer une activité gratifiante – idéalisée souvent – dans des conditions de grande précarité. Les écrivains sont à l’édition ce que les agriculteurs sont à l’alimentation. Le maillon indispensable, mais sous payé.
Cette instabilité matérielle oblige souvent le romancier à endosser un second emploi. Cette autre occupation est parfois vécue comme une chance de se confronter à la vie réelle et d’alimenter sa création. Mais il est plus sûrement ressenti comme une contrainte qui vient rompre l’élan de l’écriture et de l’inspiration. Ce modèle économique est tragiquement devenu la norme.
Les hommes de lettres seraient-ils devenus « fou » d’investir autant de temps, d’argents, d’affect dans l’écriture pour quelques bribes de gloire et une misère certaine ?
Permettez que je réponde en mon nom propre. Mais mes braves messieurs dames, écrire représente un besoin irrépressible, incontrôlable, nécessaire, urgent, vital à l’instar de l’eau ou de la nourriture. Écrire ce n’est pas un choix c’est une évidence. C’est un sacerdoce, une vocation. Écrire c’est exister pour les autres et pour soi. C’est vivre au-delà de la mort. Écrire ou mourir…. (Bon là je m’emballe.)
(À suivre)
Vous faites le parallèle avec les agriculteurs, et on les entend et ils ont raisons. Par contre les auteurs sont plutôt discrets sur leur condition de vie, qu’en pensez-vous ?
Il me semble que le très regretté Ayerdhal l’avait fait en son temps… et il avait fini par déménager en Belgique. Pas simple de mordre la main qui vous fait roi. Plus généralement, beaucoup d’auteurs s’en accommodent par paresse ou par peur d’être mal vu. D’autres se taisent et quittent le système pour monter leur propre maison d’édition. (Grimbert, Fetjaine) Ils s’autoéditent en somme ! 🙂
D’ailleurs personne (media compris) ne parle de ceux qui fondent leurs maisons d’édition. Vraiment un sujet tabou en France.
Bonjour jeje, c’est pas totalement vrai, en 2014 Serge Brussolo annonçait à la presse son intention de s’autoéditer. Je crois que cela avait fait l’effet d’une bombe. Un article.