La ronde sans fin : science et science-fiction

Avez-vous entendu parler de Crispr-cas9 ???
Crispr-cas9 un nom barbare mais d’une efficacité redoutable… Un petit bijou d’outil moléculaire qui devrait révolutionner la vie des prochaines générations.

Il est basé sur le système de défense naturel d’une cellule. Lorsque cette dernière a été attaquée par un virus, elle crée par la suite un échantillon de ce virus (arn) qu’elle libère dans son antre. Ce petit bout d’adn (cas9) joue alors le rôle de sentinelle prête à intervenir pour défendre la cellule en cas d’agression par ce même virus. On fixe alors cas9 sur une cellule atteinte du virus. Il parcourt l’adn de la cellule et dès qu’il repère la séquence du virus, il le coupe. Ensuite soit la cellule lance les opérations de colmatage soit elle insère une nouvelle séquence fournie par les chercheurs.
Tout est alors possible… le meilleur comme le pire, même de se prendre pour Dieu. Les applications possibles de Crispr-cas9 donnent le vertige. Voyez vous-même : retoucher les capacités physiques et intellectuelles d’une personne, soigner des maladies jusque-là incurables, inventer de nouvelles espèces, ressusciter des espèces disparues etc etc… Et ça marche pour les plantes, les animaux, les mammifères et pour seulement quelques poignées de dollars.
Dites-moi, la régénérescence, les modifications génétiques, la re-création d’animaux disparus… cela ne vous rappelle pas quelques choses… ce seraient-ce pas des thèmes récurrents de la littérature de science-fiction ?

La réalité ne va-t-elle pas rejoindre la science-fiction ?

Attendu que, de tout temps, science et science-fiction entretiennent des rapports troubles et complexes. Différent de par leur nature : l’un est basé sur des faits réels et le raisonnement, l’autre est sorti des élucubrations des cerveaux humains (d’après les derniers recensements). Et pourtant l’un et l’autre semblent indissociables.

La science-fiction prend généralement ses racines dans la science.

Les auteurs introduisent des éléments de science existantes et ensuite déclinent à l’infini des futurs possibles. Ils inventent des technologies, des innovations d’un avenir possible, toutefois impossibles actuellement. Ce faisant, ils explorent les impacts probables de ces avancées technologiques sur l’homme et son environnement. Ils posent d’ors et déjà les questions d’éthiques, à se prendre par exemple pour des apprentis sorciers cf Crispr-cas9. Et, les écrivains de sf se plaisent à imaginer le pire.
Dans le cas de notre diabolique outil génétique… ils en ont déjà prédit les dérives. Des fourmis génétiquement modifiées s’échappent de leur laboratoire, et quelques générations plus tard, nous sombrons dans l’univers des fourmis de Werber. Au lieu de fourmis, des singes : la planète des singes de P Boulle. La civilisation décide d’utiliser les extraordinaires possibilités ce Crispr-cas9 pour transformer l’espèce humaine en une race supérieure et nous voici dans Bienvenue à Gattaca de A Niccol ou pour recréer une race disparue : au hasard Jurassik park. Et ainsi de suite…

Mais la science prend aussi ses racines dans la science-fiction.

Beaucoup d’auteurs de sf sont des scientifiques. Ils se servent de la sf pour trouver de nouveaux axes de recherche. La très sérieuse Agence Spatiale Européenne a lancé une étude en 2002 sur les ouvrages de sf afin d’y détecter des innovations technologiques réalisables. Les fameux trous de vers (ce raccourci dans le tissu de l’espace-temps) ont donné lieu à une très sérieuse théorique scientifique de Kip Thorne : « Trous noirs et distorsion du temps ». Star trek et sa téléportation a inspiré une équipe scientifique Suisse qui a réussi à  transporter l’état quantique d’un photon sur une distance de 25 km de fibre optique. Le fameux tricoder de Mr Spock n’est rien d’autre que notre téléphone cellulaire. La nanotechnologie est devenue une réalité aujourd’hui. Grâce à ces nanotubes de carbone, on pourrait enfin réaliser des voyages à courte distance, via un ascenseur spatial — celui d’Arthur C. Clarke dans Les fontaines du paradis —  qui pourrait servir de tremplin vers l’espace. La Nasa s’y intéresse de très près.

Alors oui la réalité est en passe de rejoindre la Sf. Crisp-cas9 est un parfait exemple.

Ainsi va le cycle qui lie la science et la sf. La science produit des théories, la sf s’appuie dessus pour inventer d’autres futurs et anticipe ces impactes. Puis la réalité rattrape la fiction, converge. Et l’on repart pour un nouveau cycle. La sf d’aujourd’hui deviendra (sans doute) la science de demain.

 

 

 

 

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