La route sera longue et tortueuse avant que ne tombent les préjugés tenaces qui entourent les auteurs autoédités : qu’ils sont des écrivains en « toc », des amateurs sans talent et de surcroît vénaux. Voyez le combat des femmes pour faire valoir leurs droits. Nous sommes au 21e siècle et elles militent toujours pour les obtenir.
L’autoédition ne fabrique pas plus de faux ou que de vrais auteurs. Seul un texte de valeur fait le romancier. Et si ce dernier s’entoure d’un correcteur, de bêta-lecteurs pour l’aider à remanier son texte, d’un graphiste, toutes les conditions sont réunies pour proposer un livre présentable. Son ouvrage devient aussi compétitif que ceux tamisés par les maisons d’édition. Le grief principal d’amateurisme ne tient plus.
L’autoédition est un très souvent un choix assumé. Si les auteurs choisissent ce mode d’édition ce n’est pas forcément parce que les maisons d’édition ont refusé leurs manuscrits, certains ne les envoient même plus. Ils le choisissent du fait que :
– ils n’ont plus envie d’attendre une hypothétique réponse des éditeurs
– la gloire ne remplit pas le frigo ni ne paie les factures
– une fois le livre édité, très souvent les éditeurs se désintéressent du destin du bouquin
– ils doivent céder leurs droits
=> et au final, les vrais auteurs n’en retirent aucun bénéfice. La preuve, des auteurs comme Grimbert ou Fetjaine ont monté leur propre maison d’édition. N’est-ce pas de l’autoédition ?
L’écrivain autoédité refuse sa situation de passif et n’accepte plus la fatalité. Il décide de passer à l’action. Il relève les manches et apprend les divers métiers du livre : publication, distribution et marketing.
Mais soyons honnêtes, contrairement au mythe relayé par la presse, l’autoédition ne permet pas de faire fortune. Parce que le nerf de la guerre c’est la diffusion et la distribution. Qu’est-ce qui pousse un lecteur à lire un livre ? Les médias (journaux, TV, radio), la couverture, la quatrième de couverture, le bouche-à-oreille. Comme je l’ai expliqué dans un post précédent, les médias nous sont (très souvent) refusés. C’est un miracle si le lecteur parvient un jour à prendre connaissance de la couverture et le résumé d’un livre indépendant.
Il reste le bouche-à-oreille et la pub – qu’il faudra payer au prix fort.
L’espoir (oui mes frères et sœurs de galère, espoir il y a) réside dans les réseaux sociaux, d’internet en général. Dès l’instant ou un lecteur fait l’acquisition d’un bon livre via un forum, un blog, un booktuber, peu importe sa provenance, il le lit et en parle à ses amis qui eux-mêmes en parlent et ainsi de suite.
Toutefois, le travail de prospection n’a rien d’une sinécure. Le web n’accomplit pas de miracle. Il s’avère ingrat (des monceaux de refus et de quolibets) et délicat (beaucoup de persuasion et de diplomatie).
De même que les résultats se construisent sur la durée. Le lectorat se constitue petit à petit, mais solidement.
Conséquence directe, il faut le comprendre, le digérer, l’accepter, l’auteur autoédité s’adresse à un public restreint. C’est mieux que pas de public du tout, demandez aux écrivains qui cumulent les lettres de refus. Peu importe le nombre, l’essentiel (le vœu le plus cher de tout écrivain) est d’être lu. Et voyez-vous le plus drôle, c’est que ses lecteurs le considèrent comme un vrai auteur.
=> article publié en 2016 lors de la création du site, mais il est bon de faire de petites piqures de rappel.